L'histoire de Herm
QUE SIGNIFIE « HERM »?
Le toponyme « Herm » dérive du latin eremus qui signifie désert, solitude. Pour l’expliquer, deux hypothèses ont été avancées :
1) « Lande nue, terres vagues, non cultivées », que l’on retrouve dans le terme gascon herme qui qualifiait autrefois ce type de terres.
2) « Ermitage », qui laisse supposer qu’en des temps très anciens aurait existé le lieu de retraite d’un ermite ayant cherché à s’isoler, à l’écart des populations.
Entre Marensin et Pays tarusate, Herm est dans les Landes de Dax, petite région des Landes de Gascogne dont la partie sud suit le tracé de l’Adour. On a donné souvent au Marensin, région naturelle, une extension dépassant largement les limites historiques de cette ancienne baronnie qui s’étendait sur un territoire voisin de Herm.
HERM AUX TEMPS ANCIENS
C’est dans le Cartulaire de la cathédrale de Dax (XIe-XIIe siècles) que l’on retrouve les premiers témoignages de l’existence d’un village. On y mentionne deux paroisses : Saint-André de Herm qui englobait le village actuel et Sainte-Marie de Larbiey aujourd’hui dans le quartier de Tauziet.
En 1428, l’église Sainte-Marie de Larbiey était unie aux possessions de l’abbaye de Divielle (Goos) et une grange abbatiale était fondée, d’où le nom de « Lagrange » qui est resté. Les moines de Divielle ont alors desservi l’église dite de Lagrange. Sa disparition a sans doute été consécutive aux dévastations des guerres de Religion au milieu XVIe siècle.
Avant la Révolution, Herm était sous le ressort de la prévôté de Dax. Son territoire fut un temps sous la dépendance de la baronnie de Josse. Une autre baronnie, dite de Poyloaut, rattachait la partie est à Gourbera, Téthieu et Pouy (aujourd’hui Saint-Vincent-de-Paul). Deux caveries (petites seigneuries) se partageaient aussi une partie des terres hermoises : celle de Brutails, qui s’étendait sur la partie centrale (bourg actuel), nord et ouest, et celle de Fontanières, dite ensuite de Lagrange, dans la partie sud-est.
Le réseau des chemins de pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle était très important dans les Landes. Herm était sur un chemin secondaire liant la voie de Tours, passant par Taller, Gourbera et Dax, à celle du littoral rejoignant Bayonne. Le lieu-dit Jacquelous, à Herm, est un témoin du pèlerinage jacquaire. Le récit manuscrit du pèlerinage d’un paysan picard, Guillaume Manier, publié à la fin du XIXe siècle, mentionne son passage à Herm où il coucha le 1er octobre 1726.
Jean de Hosseleyre (1662-1735), né à Herm, notaire, juge-bayle puis juge civil, seigneur de Lagrange, débuta l’écriture d’un livre de raison manuscrit qui servit de base à la publication en 1933, par un de ses descendants, d’un petit ouvrage intitulé Une Famille du Tiers…
Durant plusieurs siècles, des moulins à eau ont été en activité à Herm. Certains étaient dits à scie, pour débiter des bois, comme celui de Saunus, d’autres à farine. À cette seconde catégorie appartenaient les moulins de Lagrange, de Dèze, et le Moulin neuf, ce dernier installé au XVIIIe siècle sur le ruisseau de Magescq, en amont du précédent.
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
En 1822, l’un des vingt postes landais du télégraphe aérien Chappe fut bâti non loin de Candale. C’était une tour carrée à la cote 65. En 1863, l’église Sainte-Madeleine fut reconstruite en remplacement de l’ancienne, devenue insalubre. 1897-1898 virent la construction d’une école pour les garçons, incluant la mairie.
Le village fut desservi par le chemin de fer entre 1910 et 1949 pour les voyageurs, 1969 pour les marchandises. Sur la ligne de Dax à Azur, Herm était une gare de 2e classe et une halte existait à Candale. De fin décembre 1917 à mars 1919, une compagnie de soldats forestiers canadiens et américains s’installait à Candale, près de la voie ferrée. Durant ces quinze mois d’activité, plus de 45.000 pins furent débités pour fournir des bois œuvrés nécessaires à l’effort de guerre.
L’exploitation forestière a constitué longtemps la principale ressource de la commune. Deux usines pour la distillation de la gemme ont existé au cours de la première moitié du XXe siècle. À l’époque des grands incendies de l’après-guerre, qui ont ravagé le massif forestier landais, l’un d’eux eut lieu à Herm en août 1949, provoqué par une camionnette au gazogène. Plus de 800 hectares de pins furent détruits, épargnant de justesse une distillerie qui contenait 30.000 litres d’essence.
C’est durant la municipalité du maire Antoine Coyola que plusieurs constructions furent réalisées, d’après les plans de l’architecte dacquois Albert Pomade : la salle de réunions (1924-1925), le bâtiment de la Poste et le monument aux morts (1922-1923) avec la statue en bronze du grenadier exécutée par le sculpteur palois Ernest Gabard. Pomade avait été l’auteur, vers 1905, des plans du château Coyola, au bord de la route de Dax. Antoine Coyola (1876-1958), ingénieur agricole, s’installa ensuite à Saint-André-de-Seignanx où il acheta avec son frère Louis, à partir de 1913, le domaine du marais d’Orx qu’ils exploitèrent. Son fils le revendit en 1972.
Près de Lagrange, un captage était installé en 1927 pour l’alimentation en eau potable de la ville de Dax. Il restait en service jusqu’en 1961. Ainsi durant plusieurs décennies, les Dacquois ont bu l’eau de Herm.
Herm vit naître Michel Gieure (1890-1962), ingénieur dans l’aéronautique et poète gascon, auteur d’un Hymne landeus. Il a été vice-président puis président de l’Amicale des Landais de Paris, membre de l’Académie gascoune de Bayonne.
Robert Riché, venu de la Vienne, s’installait à Herm en 1957. Il devint l’un des principaux promoteurs de la culture de l’asperge dans les Landes et présida la COPADAX à sa création, en 1962.
ÉPOQUE MODERNE
En 1963 était créée l’usine Polyplast, spécialisée dans la fabrication de bateaux en stratifié de polyester ; elle exerça durant une vingtaine d’années. Sur le site s’installa en 1986 l’entreprise Champiland qui est toujours en activité.
Bernard Coussau (1917-1998), né à Herm, cuisinier, fut le fondateur en 1972 du Relais de la Poste, à Magescq, hôtel restaurant de luxe, devenu une table prestigieuse tenue aujourd’hui par ses fils. Il était membre des Maîtres cuisiniers de France.
Autre natif de la commune : Julien Lesbats (1913-2000), dit Yanty, prêtre, curé de Lévignacq puis de Labrit, qui a été l’auteur de plusieurs recueils de poèmes en gascon ou d’histoire locale.
Un concours de Field Trial (chiens de chasse) est organisé dans la commune depuis 1974. Il a été partagé avec la commune d’Escource à partir de 1993. Cette année-là se déroulait un championnat du monde, deux championnats de France ayant eu lieu auparavant.
D’importants travaux de rénovation, développement et transformation de la commune eurent lieu durant la gestion du maire Michel Lacoste (1977-2001). Parmi les principales réalisations, on retiendra : la construction de quatre lotissements (Stade, Chênes, Bruyères, Pins), de deux zones artisanales, l’installation du complexe sportif au stade municipal et la réfection de bâtiments communaux (école, église et salle de réunions). La rénovation et l’agrandissement de cette dernière furent effectués en 1998-1999. Auparavant, en 1987-1988, après le départ du dernier curé, le presbytère et ses abords firent l’objet d’importants travaux avant de devenir la nouvelle mairie.
L’implication de Guy Dorléacq, gendarme à la retraite, fit de Herm un village fleuri réputé. Il obtint dans sa catégorie en 1983 le 1er prix départemental, le 1er prix régional et le second prix national. En 1985, il reçut le grand prix d’honneur national et l’attribution de trois fleurs simultanées. Deux ans plus tard, une 4e fleur était attribuée et en 1993 enfin Herm obtint le grand prix national. Par la suite, ce niveau élevé ne put être maintenu.
À partir de 1990, Herm s’est rendu célèbre par son équipe de rugby féminin, les Pachys d’Herm, qui allait remporter sept titres de championnes de France et plusieurs joueuses de l’équipe furent sélectionnées dans l’équipe de France. En 2017, les Pachys d’Herm fusionnaient avec l’US de Dax.
Le chêne multi-centenaire près du Sergent a été considéré comme l’un des plus remarquables du département avec un tronc de 6,40 m de circonférence. Endommagé par les tempêtes dès la fin du XXe siècle, son tronc est très détérioré mais de grosses branches subsistent encore.
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Merci à Philippe Soussieux pour ces informations historiques.